Survivre à ses placements

Publié dans le Canada-Français, édition du 1 octobre 2015

Normalement le terme survivre est annonciateur d’une bonne nouvelle, mais pas dans le présent cas. Ici  l’on fait référence à décéder ‟trop tard” en rapport avec ses économies et placements. Comme je vous le mentionnais le 16 avril dernier, nous devrions tous vivre plus vieux. Pourtant vivre plus longtemps devrait s’avérer une chose intéressante sous plusieurs aspects de la vie, dont voir grandir ses petits ou arrières petits-enfants! Cependant peu de gens réalisent l’impact de l’augmentation de l’espérance de vie face à la diminution des rendements financiers des titres à revenu fixe.

LONGÉVITÉ
Dans un intervalle de 26 ans  (1986-2012) il y a eu une augmentation moyenne de 4 années de vie.  Avec les avancées médicales et technologiques, il y a fort à parier que faut s’attendre à une plus forte augmentation dans le prochain quart de siècle. Il y a également nos habitudes de vie qui ont changé. L’on n’a qu’à penser à l’impact du tabac sur la longévité. Il y a 25 ans beaucoup de gens fumaient, aujourd’hui vous aurez probablement de la difficulté à recenser 25 fumeurs!
Oui la longévité c’est une saprée bonne nouvelle, mais attention, ce ne sera pas pour autant la jeunesse éternelle. Si vous êtes actuellement une personne de moins de 40 ans, les chances que vous viviez jusqu’à l’âge de 100 ans sont minces, mais réelles. Cette bonne nouvelle est toutefois accompagnée d’un inconvénient de taille: il vous faut plus d’argent pour votre retraite.
Si en 1986 un homme de 65 ans qui prenait sa retraite avait 15 ans à prévoir financièrement, en 2012 c’est plutôt 19,2 années qu’il lui fallait planifier. Les normes des planificateurs financiers recommandent maintenant d’utiliser 26 années de retraite après 65 ans (évidemment plus si vous la prenez plus tôt!) pour les hommes. Pour les femmes, celles-ci ayant une expectative de vie plus longue, il s’agit de 30 ans après la retraite à 65 ans. Ça fait beaucoup plus de sous!

RENDEMENTS
En vieillissant, il est recommandé d’utiliser un portefeuille d’investissement plus conservateur, soit plus axé vers le revenu que vers la croissance du titre financier lui-même. Or, jeudi 17 septembre dernier, la banque centrale américaine (Fed) a décidé de laisser son taux directeur à son bas niveau, soit entre 0 et 0,25%.  Ceci impacte sur tous les titres à revenu d’intérêt en Amérique du Nord. Si vous pensiez voir les taux des obligations gouvernementales américaines ou canadiennes osciller à plus de 5%, ce n’est pas pour demain.  Au 11 septembre dernier, les rendements moyens des obligations négociables du gouvernement canadien de plus de 10 ans étaient de 2,11%. Pour celles de 3 à 5 ans, le taux moyen était de 0,64%, c’est bien peu.
En 1986, avec un rendement de 2%, un homme retraité qui désirait obtenir un revenu annuel de 10 000$, se devait de placer un capital de 131 062$, alors qu’en 2012 il lui fallait placer 161 304$, soit près de 30 000$ de plus. Avec les recommandations de l’Institut Québécois de Planification Financière d’utiliser 26 ans pour les hommes et 30 ans pour les femmes après l’âge de 65 ans, le capital grimpe à 205 235$ pour les messieurs et 228 444$ pour ces dames. Imaginez avec des rendements plus bas!

RÉALITÉ
La longévité est une réalité de notre monde occidental, particulièrement si vous êtes un travailleur autonome, ou, si vous ne travaillez pas pour un employeur qui vous procure un régime de retraite à prestations déterminées. Que ferez-vous pour affronter cette réalité? Quelques choix s’offrent à vous : soit mettre plus d’argent de côté, soit prendre plus de risques pour obtenir des rendements plus élevés, ou, continuer à travailler après 65 ans. Prendre plus des risques peut également signifier reculer dans son capital. Comparez les rendements boursiers du début de l’année avec ceux de septembre. Ils ont reculé de plus de 6% des deux côtés de la frontière.
En réalité l’épargne ce n’est pas sexy, mais c’est un mal nécessaire. Avoir trop d’argent à sa retraite n’est jamais un problème!

PRÉCISION
Dans le cadre de ma chronique du 30 juillet dernier intitulée ‟A propos de l’assurance voyage…” j’ai omis de souligner l’apport des précieuses informations de Mme Lyne Thibodeau du Groupe Financier Horizons. Elle est une spécialiste très appréciée, un gros merci!