Stratégies de décaissement

Parution dans le Canada Français, édition du 11 juin 2015

Il s’agit du troisième article touchant le décaissement à la retraite. C’est bien connu les Canadiens ne sont pas prêt pour la retraite. La majorité d’entre eux ne réalisent même pas où ils dépensent. D’ailleurs lors de l’établissement de leur budget, les clients se rebutent lorsque l’on aborde leurs dépenses. Outre les mensualités régulières, où va leur revenu? Pourtant une fois franchis cette barrière ils conviennent avec force d’effectuer certaines modifications bénéfiques, très souvent anodines. La première chose que devrait faire un nouveau ou futur retraité est de confectionner un budget.

CONNAÎTRE SA RÉALITÉ
Faire face à sa réalité! Séparez les dépenses obligatoires de celles qui ne le sont pas. En période active bien des dépenses passent inaperçues, mais beaucoup de petits montants font un gros montant. Demandez-vous : est-ce nécessaire?
Visualisez-vous à l’âge de 75 ans. Que ferez-vous, quels seront vos passe-temps? Si votre santé ou vos habitudes de vies sont actuellement déficientes, ce ne devrait pas s’améliorer, à moins que vous amorciez un virage. Mais, vivre en mauvaise santé en vieillissant, tout en voulant bénéficier du temps qu’il reste, cela demande également d’y consacrer un budget.

VOLATILITÉ
La volatilité des marchés financiers met en évidence la nécessité de structurer adéquatement les retraits. La chute des marchés boursiers et la récession qui a suivi ont créé beaucoup d’incertitude. Si vous êtes largement investis en actions et que vous faites face à une chute des marchés boursiers, effectuer des retraits et espérer récupérer ses pertes, relève du miracle.   À titre d’exemple, si votre portefeuille a perdu 15% et qu’il vous rapporte actuellement 4%, il vous faudra 4,14 ans pour revenir à la valeur d’origine. Imaginez si vous effectuez des retraits sur ce même portefeuille, la spirale devient difficile à récupérer.
Des chercheurs de l’Université York ont dressé l’exemple d’un individu de 65 ans qui souhaite retirer 9 000$ l’an d’un portefeuille de 100 000$.  Si son taux de rendement est constant à 7%, alors il épuisera son capital à l’âge de 86 ans. Par contre, si les rendements sont négatifs au départ, et suivi de hausses   (-13%, 7%, et 27%) il aura épuisé son portefeuille à l’âge de 81 ans, malgré de bonnes années de rendement. Après la crise de 2008-2009, il est maintenant clair qu’une baisse boursière importante, particulièrement dans les premières années de la retraite, peut considérablement affecter la durée du portefeuille de retraite.

SYNCHRONISER
Si vous disposez d’un portefeuille réparti en placements enregistrés (tel que REER et/ou CELI) et non enregistrés, je vous suggère l’ordre suivant : il est préférable de puiser d’abord dans vos placements non-enregistrés dont les rendements ont déjà fait l’objet d’une imposition.  De cette façon vous paierez le minimum d’impôt.  Après cette première étape, vous puiserez dans vos CELI. Étant retirés libre d’impôts, vos retraits n’affecteront pas vos pensions de vieillesse ou autres montants que vous recevrez des gouvernements. Ensuite utilisez vos placements enregistrés REER ou FERR. Ceux-ci sont taxables à 100%, mais la loi vous permet de retarder leur utilisation jusqu’à l’âge de 72 ans.
Si votre portefeuille se compose que de placements enregistrés REER ou FERR, et qu’il est de 50% revenu et 50% actions, le décaissement devrait s’effectuer en premier lieu sur vos titres à revenu fixes dans vos premières années de retraite. Ceci permettra à vos actions de croître à travers le temps et si une crise boursière se produisait ceci vous affecterait moins.
Comme je l’indiquais dans mon deuxième article, la stratégie de rente viagère est une bonne solution. Elle vous assure d’une sécurité en vous permettant de couvrir les dépenses fixes telles que la nourriture et le logement. Vos autres dépenses variables telles que les loisirs et voyages seraient couvertes par votre FERR. Si l’idée d’une rente viagère vous déplaît, ou que vous ne pouvez y adhérer, alors mettez de côté suffisamment de liquidités et actifs à court terme pour couvrir 2 à 3 ans de dépenses fixes. Ceci vous servira d’abri financier de façon à vous éviter de vendre des titres en actions, ou de fonds de placements en actions, lors de baisses importantes et ainsi participer éventuellement à une reprise boursière.

ACTIONS?
Après avoir lu le texte ci-dessus, croyez-vous que les actions ont encore leur place dans un portefeuille? Compte tenu des faibles taux des placements à revenus fixes, si vous ne désirez pas que votre portefeuille fonde face à l’inflation, l’on devrait utiliser des actions. Votre conseiller est légalement obligé de dresser votre profil d’investisseur avant toute chose. Quoique votre type d’investisseur soit conservateur, la  présence de titres en actions est nécessaire, car ils apportent généralement 45% de la croissance du portefeuille pendant les 25 ans et plus de la retraite.

FERR
Sans aucune partisanerie politique, l’on ne peut qu’applaudir la dernière modification concernant la réduction du taux de décaissement des FERR. Comme je vous le mentionne régulièrement nous vivrons tous plus vieux. Pour cette raison nous aurons besoin de retarder l’épuisement de notre portefeuille. La réduction des taux de retrait est d’environ 2%, ce qui réduira l’imposition dans les premières années de la retraite. Le gouvernement estime d’ailleurs que les retraités, rendus à l’âge de 90 ans, auront 50% plus de capitaux nets que sous les anciennes règles. Enfin une bonne nouvelle!