REER ou CELI : lequel choisir?

Publié dans la Canada-Français, édition du 21 février 2019

Le 1er mars 2019 est la date limite pour cotiser à votre REER pour l’année d’imposition 2018 et la cotisation maximale est de 26 630$. Toutefois vous vous demandez si contribuer au REER est une bonne solution pour vous ou si vous ne devriez pas plutôt contribuer au CELI. Est-ce que le REER est pour vous le meilleur moyen d’économiser pour votre retraite? Vous n’êtes pas seul à vous poser ces questions.

REER EST CULTUREL

Pourquoi le REER est-il, ou devrais-je dire était, si populaire? Le REER ayant été mis en place en 1957, je dirais que le REER est machinal chez les baby-boomers. Peut-être aussi parce que le CELI a été instauré en 2009 et que la contribution annuelle initiale étant de 5 500$, certains ne l’ont pas pris au sérieux. Attention, petit CELI deviendra grand! Autant pour le CELI que le REER les gains engendrés dans ceux-ci ne sont pas imposables. Pourtant, arrivé au mois de février il y a encore plusieurs qui affirment machinalement qu’il faut qu’ils contribuent à leurs REER. Ont-ils vraiment raison?

Dans les faits, l’on doit de se poser plusieurs questions afin de répondre adéquatement à cette question. La première à se poser est celle relative au revenu. Contrairement au CELI, le REER a l’avantage d’être déductible du revenu imposable et conséquemment de réduire vos impôts. En revanche lors de son encaissement le REER est imposable alors que le CELI ne l’est pas. Les cotisations à un REER sont assujetties à l’imposition différée. Ainsi, s’il appert que vos revenus actuels sont plus élevés, donc dans une fourchette d’imposition plus élevée que celle que vous aurez à la retraite, alors le REER vous permet d’économiser la différence. Si, par exemple, en 2018 vos revenus d’emploi sont de 46 605$ à 85 000$ votre taux marginal est de 37,12%, mais qu’à votre retraite vos revenus prévus seraient de 15 012$ à 43 000$ alors votre taux marginal serait de 27,53%, vous économisez ainsi 9,59% entre votre vie active et votre retraite. Évidemment cela sans compter les rendements gagnés à l’intérieur du REER. Toutefois si vos revenus d’emploi de vie active se situent entre 46 605$ à 85 000$ et que vos revenus de retraite seront également dans cette même fourchette, le REER n’apportera pas un grand avantage. Le CELI pourrait alors être plus avantageux.

Je ne peux pas toutefois passer sous silence un calcul plus complexe qu’est le TEMI (taux effectif marginal d’imposition implicite) afin de connaître le vrai avantage financier. Le TEMI est le calcul complexe qui tient compte de l’impact, non seulement de l’impôt payable, mais également des aides fiscaux fédéraux et provinciaux que l’on gagne en déclarant un revenu moindre. Je vous ferai état dans un article plus élaboré à cet effet.

CELI

Comme mentionné ci-dessus le CELI n’est pas déductible, donc cotisé après avoir payé l’impôt, donc avec du revenu net. En revanche, lors de son encaissement, contrairement au REER, le CELI n’est pas imposable. Si à la retraite vos revenus ne sont pas élevés, le CELI pourrait vous aider à conserver votre admissibilité au Supplément de revenu garanti. Au contraire, si à la retraite vous avez des revenus de plus de 74 788 $ et que vous encaissiez plus de FERR ou REER pour faire un voyage, alors vous devriez rembourser une partie ou la totalité des paiements de la Sécurité de la vieillesse que vous avez reçus selon le montant encaissé. L’impôt de récupération est alors de 15%, jusqu’à concurrence de 121 314$ de revenus. Dans cette situation, le CELI est également un instrument très utile.

Le CELI peut être une stratégie intéressante pour l’étudiant ou le jeune adulte dont les impôts sont inexistants ou très bas. Celui-ci devrait prioriser le CELI plutôt que le REER puisqu’il pourra ainsi accumuler des gains et intérêts à l’abri de l’impôt. Quand il aura des revenus plus élevés, et conséquemment des impôts à payer, il pourra retirer son CELI pour cotiser dans son REER et ainsi réduire son salaire imposable pour profiter d’une baisse et d’un remboursement d’impôt.

Un autre critère est celui relatif au type de revenu. Si votre rémunération est constituée strictement de dividendes, vous n’accumulez pas de droits de cotisation à un REER. Alors le CELI deviendra un incontournable.

Actuellement, le maximum annuel du CELI est passé à 6 000$. Votre cotisation totale est cumulative, alors les sommes inutilisées peuvent être reportées d’une année à l’autre. Le montant que vous pouvez cotiser va donc augmenter chaque année, que vous y déposiez de l’argent ou non. Pour 2019 le plafond cumulatif est de 63 500$.

LEQUEL?

Après ces explications votre cœur balance encore? Le REER offrant deux avantages, soit un remboursement d’impôt annuel et un report de l’impôt à payer à la retraite, à un moment de votre vie où vos revenus devraient être moins élevés, donc moins d’impôts à payer. Soyez stratégique, cotisez à votre CELI avec le remboursement d’impôt! Consultez votre conseiller financier ou planificateur, il devrait vous aider.
Christian Dufour, auteur/author