Quel sera votre coût de vie à la retraite?

Publié dans la Canada-Français, édition du 11 mai 2017

Afin de savoir si votre accumulation de placements de toute nature suffira pour vos vieux jours, il convient d’abord d’évaluer combien vous dépenserez à la retraite. Très souvent les conseillers financiers font référence à la règle de 70% comme étant la norme en la matière. Dans les faits il s’agit du ratio de 70% du revenu avant impôt. Ainsi si vous gagnez 50 000$ avant impôt, alors vous devriez vous débrouiller à la retraite avec 35 000$. Mais est-ce réaliste?

TROIS ÉPISODES DE VIE

Même si le terme retraite désigne la période de la fin de la période du travail d’une personne jusqu’à sa mort, cela ne veut pas dire pour autant qu’elle va se dérouler exactement de la même façon du début à la fin. La retraite se déroule généralement en 3 étapes différentes, qui influenceront largement vos besoins financiers.

La première phase est bien entendu le début de la retraite. Particulièrement dans les premières années le retraité souhaite faire tout ce qu’il n’a pu faire alors il était trop occupé au travail, que ce soit des passe-temps ou des voyages. Généralement en santé, notre retraité profite de la vie. C’est évidemment la période de retraite à laquelle il risque de dépenser le plus. Attention cette nouvelle vie peut bousculer sa sécurité financière. Pour certains le travail à temps partiel s’avérera la bouée de sauvetage.

La deuxième étape est la réduction des activités. Généralement de 72 à 85 ans (selon son état de santé), notre retraité commencera à ralentir. Les dépenses tendent à ralentir avec le vieillissement. Le coût de vie suit un modèle plus régulier et stable, car souvent la routine est bien enracinée. À cette étape les voyages sont moins fréquents, moins éloignés, et souvent en sécurité près de membres de la famille ou d’amis. L’on voudra probablement réduire le format de sa résidence et éviter les escaliers. La planification financière est plus facile, mais il faut quand même se garder un coussin afin de prévoir les réparations urgentes que notre retraité n’est plus en mesure d’effectuer lui-même, ou, pour couvrir des coûts de santé si celle-ci se détériore. Également, je remarque que les retraités qui ont subi une maladie qui a créé une crainte pour leur vie ont tendance à ouvrir les goussets du portefeuille pour profiter de la vie. Réaction normale dans les circonstances.

La dernière étape de vie est celle du déclin, que ce soit à cause d’une santé déficiente ou de l’épuisement du portefeuille de notre retraité. Cette dernière étape peut s’avérer très onéreuse du aux coûts de santé. Évidemment même si nous avons la chance de vivre dans un pays qui a un régime de santé gratuit, il appert que certains frais ne sont pas remboursables ou couverts par le système. De plus, n’oubliez pas que nous serons très nombreux à nous diriger vers les CHSLD et qu’il a fort à parier qu’il n’est pas assuré que nous y trouvions tous une place. À cette troisième étape, le support de la famille est important.

RÈGLE de 70%

Comme je vous répète souvent nous vivrons tous longtemps. Nous passerons en moyenne 35 à 40 ans au travail versus 20 à 30 ans à la retraite. Comme vous avez pu le constater, les 3 différentes étapes de vie font de sorte que le coût de vie n’est pas le même à chacune de celle-ci. Cette règle est maintenant contestée par plusieurs auteurs en planification financière. D’ailleurs, comme le soulignaient à juste titre certains confrères, le simple fait de faire référence à la notion ‟avant impôt” apporte un nombre important de variables qui rendent cette règle inefficace. Que l’on pense d’abord au CELI qui n’est pas imposable, le gain en capital imposable à 50%, le taux différent d’imposition du dividende, la fiscalité et ses paliers d’impôt qui changent couramment.

CALCULATRICE

La seule méthode de calculer le train de vie est de sortir la veille calculatrice ou de prendre un bon tableur comme Excel. Généralement les planificateurs financiers ont tous des outils pour effectuer cette tâche. Il s’agit d’un jeu d’addition et de soustractions. L’on tient évidemment compte de l’inflation et des rendements sur les placements. La fiscalité est particulièrement importante, car les actifs utilisés ne seront pas imposés de la même façon. Si le dernier chiffre au bas de la colonne ne correspond pas à vos revenus prévisibles, alors il faudra revoir certaines dépenses à la baisse.

Méfiez-vous de règles universelles trop simples, car elles peuvent vous inciter à vous diriger votre avenir vers de fausses avenues. Rien de tel qu’une planification appropriée, selon votre situation.

Christian Dufour, auteur/author