Portrait économique du Québec (2ième partie)

Parution dans le Canada-Français, édition du 4 décembre 2014

Voir 1ere partie ici

Nous entendons les histoires d’horreur relatives aux coûts des soins dans les hôpitaux américains. Dans le cadre de l’ouverture d’une succursale américaine, je me rappelle y avoir rencontré un candidat dont la première question relative à son emploi était concernant la couverture de l’assurance-maladie  pour sa famille. Très onéreux chez nos voisins du sud. De notre côté de la frontière, l’on peut se vanter d’avoir un bon système de santé. Cela prend du temps pour avoir une place, mais une fois dans le système l’on est bien traité.  Pas pour rien que le système de santé nous coûte si cher. Nos gouvernements financent leurs services grâce aux taxes, impôts et frais de services.

La Commission d’examen sur la fiscalité québécoise cherche de nouvelles avenues. Grâce à notre petit jeu-questionnaire, vous pourrez voir ou le gouvernement du Québec tire actuellement les argents pour payer ses dépenses.

QUESTIONS
1) Fiscalité
Il s’agit de tous les impôts et taxes perçus par tous les gouvernements. Afin de comparer la situation dans chaque pays, on utilise le terme pression fiscale. Dans les faits, il s’agit de la part de la richesse nationale utilisée pour la fiscalité.
a) Quelles sont les recettes (revenus) du gouvernement du Québec, avant les transferts fédéraux : 57, 75 ou 89 milliards de $?
b) Quel est le coût du secteur de la santé au Québec : 6, 32, ou 48 milliards de $?
c) Lequel de ces pays de l’OCDE a le taux de pression fiscale le plus élevé : l’Espagne, la Finlande, la France, le Portugal ou le Danemark?
d) Lequel de ces pays a le taux de pression fiscale le plus bas : l’Irlande, la Suisse ou les États-Unis?
e) Le taux de pression fiscale du Québec est-il plus bas ou plus haut que la moyenne des pays de l’OCDE?
f) Sans tenir compte du Québec dans l’équation, quel est le taux de pression fiscale au Canada : 38.7%, 29.7% ou 25.6%?
g) Quel pourcentage des recettes du gouvernement du Québec qui proviennent de l’Impôt sur le revenu des particuliers : 26%,  34% ou  44%?
h) Quel pourcentage des recettes du Québec qui proviennent de l’impôt des sociétés, 6%, 12% ou 14%?
i) Quel pourcentage des recettes du Québec et de l’OCDE qui provient des taxes à la consommation :  le Québec 15%  et 9.5% OCDE, ou, le Québec 19% et 29% OCDE?
j) Quel est le pourcentage de Québécois qui ne paient pas d’impôt : 5%, 22% ou 37%?
k) Quel pourcentage de l’impôt les contribuables ayant un revenu de moins de 50 000 $ acquittent-ils :  23%, 36% ou 55%?
l) Quel pourcentage de l’impôt les contribuables ayant un revenu de 50 000 $ ou plus paient-ils : 36%, 77% ou 86%?

2) Prélèvements sociaux
Les charges sociales sont particulièrement bien connues des employeurs qui contribuent plus que les employés à celles-ci.  Quel est le taux de prélèvements sociaux au Québec en proportion de son PIB : 5.6%, 9.7% ou 14.5%?

3) Dettes publiques
a) La cote de crédit de la province de l’Ontario est-elle meilleure que celle du Québec?
b) Les Québécois jugent la dette du Québec trop élevée;  dans quelle proportion : 37%, 52% ou 77%?
c) Lors d’un sondage quel pourcentage de québécois jugent-ils  payer trop d’impôt, ou assez, pour les services offerts : 43%, 66% ou 97%?
d) Quel sera le déficit prévu du Gouvernement du Québec cette année : 2.3, 6.7 ou 8.9 milliards de $?

COMMENT S’EN SORTIR?
Comme vous l’aurez remarqué, la fiscalité Québécoise est au rythme des pays européens, et il est le seul pays à avoir le taux de pression fiscale plus élevé que la moyenne de l’OCDE et se trouvant hors de l’Europe. En revanche ses voisins immédiats, États unis et autres provinces canadiennes taxent moins que nous. Nous ne sommes pas compétitifs.

Quand les résultats financiers d’une entreprise normale ne sont pas bons, l’on coupe dans les dépenses ou on cherche de nouvelles sources de revenus.  Mais c’est nous la source de revenus. Or, les Québécois en ont raz le-bol de notre fiscalité, et, tous veulent conserver les mêmes services. Comme le disait à la blague l’humoriste Patrick Huard, ‟pourquoi ne peut pas faire faillite et repartir sous un autre nom?” Cela serait trop facile. Bientôt ce sera l’heure des choix. Vous, lorsque votre budget ne fonctionne plus que faites-vous?

RÉPONSES

1 a) 75 milliards de $.
1 b) 32 milliards de $ soit 44% des recettes.
1 c) Le Danemark avec 47.6%.
1 d) Les États-Unis avec 24.8%.
1 e) Plus haut, car il est de 36.6% comparativement à la moyenne de 33.8% des pays de l’OCDE.  Le poids des impôts sur le revenu du Québec atteint 12.6% du PIB, soit  le troisième le plus élevé face à la moyenne de l’OCDE qui est de 8.4%. Faudrait peut-être oublier de les augmenter de nouveau!
1 f) 29.7%
1 g)  34%, alors qu’il est en moyenne de 24% dans les pays de l’OCDE.
1 h) 14% alors qu’il est en moyenne de 10% dans les pays de l’OCDE.
1 i) Québec 19% et OCDE 29%. Plusieurs pays n’hésitent pas à baisser les impôts sur le revenu et augmenter les taxes telles que TPS et TVQ.  Toutefois le gouvernement fédéral va dans le sens inverse en ayant abaissé la TPS.
1 j)  37 % des contribuables ne paient pas d’impôt sur le revenu, notamment en raison de leur faible revenu.
1 k) 23 % des impôts.
1 l) 77 % des impôts, alors qu’ils ne représentent que 25 % des contribuables. Plus spécifiquement, les contribuables ayant un revenu de plus de 100 000 $ assument 36 % de l’impôt à payer alors qu’ils ne représentent que 5 % du nombre des contribuables.

2 a) Je dois vous avouer que j’ai été surpris : 5,6%, soit l’un des plus bas. La moyenne de l’OCDE est de 9,1%, les États unis à 6,4%, et ailleurs au Canada 4,7%.  Le Québec doit suivre la compétition de ses voisins immédiats. Le plus élevé, vous aurez deviné, la France avec 16,6%. Pas étonnant que les entreprises francaises aiment bien faire affaire au Québec.

3 a) Non, en 2012 l’agence de notation Moody’s l’a abaissé de A1 à A2, soit la même que le Québec. En revanche actuellement la province de l’Ontario profite plus amplement de la relance de l’économie américaine que le Québec. Donc cela pourrait changer.
3 b) 77% la juge trop élevée selon un sondage effectué dans le cadre de l’ouvrage Conjonctures et Transitions.
3 c) 97% des répondants trouvaient payer trop ou assez d’impôts pour les services reçus.
3 d) 2.3 milliard de $.

Christian Dufour, LL.L., D.D.N., Pl. Fin., D. Fisc.
Conseiller sécurité financière, assurance et épargnes collectives
Cabinet Finexia