Les défis de décaissement de votre revenu de reatraite

Parution dans le Canada-Français, édition du 16 avril 2015

Il s’agit d’un premier de trois articles touchants le revenu à la retraite. Je ne vous apprendrai rien en affirmant que sans un régime de retraite d’un employeur il faut épargne beaucoup pour sa retraite. Pourtant le tsunami de baby-boomers qui atteignent la retraite ne fait que débuter. Plusieurs défis les attendent. La vie leur avait été généralement accommodante après la deuxième Grande Guerre. Il leur faudra être résilients pour affronter les défis suivants :
LONGÉVITÉ
Il s’agit du plus important et plus négligé. La science avance à grands pas et plusieurs d’entre nous vivent une vie plus saine. Nous vivrons tous plus vieux! Il serait trop optimiste de prétendre que la majorité des Canadiens seront centenaires, toutefois un pourcentage plus important, soit 37,5 % des hommes de 50 ans et 48,8 % des femmes de 50 ans, devraient vivre jusqu’à 90 ans, selon les dernières statistiques du gouvernement fédéral (Bureau de l’Actuaire en Chef). En 2030 plus d’un demi-million de Canadiens auront franchi le cap des 90 ans et 2,6 millions auront atteint 80 ans. Aujourd’hui l’âge moyen de la retraite étant de 62 ans, cela fait plus de 30 ans de décaissement. Survivront-ils à leurs économies? On peut facilement en douter d’autant plus que ce grand nombre mettra beaucoup de pression sur nos régimes publics de pension de vieillesse et de RRQ.

INFLATION
Au cours de 100 dernières années, le taux d’inflation moyen a été de 3%. Aujourd’hui, les gouvernements occidentaux ont développé des méthodes pour la freiner en utilisant les taux d’intérêt. Mais des circonstances mondiales incontrôlées pourraient très bien faire déraper l’inflation.
Une fois celle-ci conjuguée aux bas taux d’intérêt garantis, le rendement réel est presque nul. En effet, actuellement le rendement des Obligations du Canada pour 10 ans est moins de 2%. Une fois appliqué l’impôt, que vous reste-t-il? Votre portefeuille de placement doit avoir un rendement suffisamment élevé pour combattre l’inflation. À titre d’exemple, si vous n’obtenez aucun revenu de vos économies, et que l’inflation demeure faible à 2% pendant 25 ans, cela aura pour effet de réduire votre pouvoir d’achat de 40%.

ENDETTEMENT
Nos baby-boomers ont été habitués à vivre dans un monde en croissance économique de sorte qu’ils oublient qu’à la retraite ils n’auront plus les mêmes revenus que lors de leur vie active. Ainsi plusieurs se retrouvent encore endettés à leur retraite. Malheureusement le financement est trop facile à obtenir. Dans un récent sondage de BMO, 56% des baby-boomers préretraités considèrent leur niveau d’endettement comme un obstacle à l’atteinte de leurs buts de retraite. Selon Statistiques Canada près de la moitié des gens de 50 à 59 ans ont une hypothèque alors que 25% des gens de 60 à 69 ans ont encore une hypothèque. Heureusement que les taux d’intérêt sont très bas, mais une importante hausse serait tragique pour eux.

VOLATILITÉ DES PLACEMENTS
Je crois personnellement qu’autrefois les mauvaises nouvelles prenaient un certain temps avant de faire le tour de la planète. Aujourd’hui, avec la vitesse des communications, elles se transmettent selon la vitesse du clic de votre clavier ou écran.  Ainsi va la volatilité des marchés financiers!  Selon un sondage récent de Fidelity Investments, 40% des retraités craignent que la volatilité ne gruge le revenu de retraite provenant de leur épargne. Pas surprenant, ceux qui débutaient leur retraite lors de la crise financière de 2008-2009 en savent quelque chose. Imaginez, vous débutez à encaisser vos placements et en même temps les places boursières perdent 30% de leur valeur. Impossible de récupérer ce que vous avez perdu sur vos encaissements. Toute une spirale dans laquelle les investisseurs ont été impliqués.

RÉPARTITION DE VOS ACTIFS
À titre de conseiller, admettons que c’est un vrai défi pour nous : vous avez un profil d’investisseur très, mais très conservateur, vous ne tolérez aucune variation et perte dans vos placements. Donc seuls les certificats de dépôt garanti ou les obligations gouvernementales peuvent répondre à votre critère strict. En revanche, vos rendements seront trop bas pour répondre à vos besoins de retraite et l’inflation risque de gruger vos économies.  Que faire? Je dois admettre que depuis la crise 2008-2009 les sociétés de fonds commun font beaucoup mieux. Certaines réussissent à fabriquer des portefeuilles moins risqués avec un rendement acceptable. Mais attention ce n’est pas des placements garanti. Une bonne répartition permet de vous protéger contre la volatilité des marchés tout en recevant un rendement convenable. Un bon mélange d’actifs bien dosé est primordial.
D’autre part, le quart de Canadiens comptent sur la valeur de leur maison comme première source de revenus à la retraite. Encore faut-il qu’elle ne soit pas hypothéquée ou peu. Mais attention une maison vieillie également et nécessite des travaux de rénovation. Si vous faites partie de ce 25%, n’attendez pas d’avoir à refaire le toit ou effectuer d’autres travaux majeurs avant de la vendre.

AUTRES
À ces défis s’ajoutent, les coûts de santé, les stress reliés aux évènements de la vie (décès de proches, divorce âgé, solitude…). J’assistais récemment à une conférence sur les soins de longue durée. Saviez-vous qu’un homme passe en moyenne 4,1 ans, et une femme 6,8 ans, en soins de longue durée? À quand remonte la construction du dernier CHSLD?

DE L’AIDE
N’hésitez pas à faire appel à un conseiller détenant les permis nécessaires de l’Autorité des marchés financiers. Sondage après sondage, il est reconnu et admis que les retraités qui utilisent les services d’un conseiller de confiance réussissent mieux. Selon le sondage de Fidelity, 71% des gens qui utilisent un tel conseiller ont la retraite qu’ils souhaitent. Déléguez, il me semble qu’il s’agit là d’un terme à la mode.