L’effet du taux de change sur vos placements

Publié dans le Canada-Français, édition du 5 mai 2016

Le 6 novembre 2007 lorsque le dollar canadien valait 1,08$ américain, plusieurs étaient heureux d’acheter des biens aux États-Unis ou de convertir des sommes en prévision de l’hiver en Floride ou ailleurs au soleil. Avec la baisse du coût du baril de pétrole et le ralentissement en Chine, le dollar canadien a passablement faibli vis-à-vis les grandes devises mondiales, dont évidemment le dollar américain. En début d’année 2016 il s’échangeait à moins de 0,70$ américain, du jamais vu depuis 13 ans. Au 29 avril dernier, il était à près de 0,80$ américain. Mais comment se reflète cette différence sur vos placements américains? Pourquoi la bourse américaine s’est-elle fortement accru depuis mars dernier et que votre portefeuille américain lui ne croit pas autant?

VOLATILITÉ
Que vous achetiez des placements américains par la voie d’actions, de fonds commun ou de fonds distinct, même si vous procédez à l’achat ici au Canada en devises canadiennes, la transaction s’effectue en relation avec la monnaie américaine. Donc il faut convertir de la monnaie canadienne à la monnaie américaine. Si par exemple vous êtes une personne chanceuse qui a acquis pour 100$ d’actions américaines alors que la monnaie canadienne était au pair avec la monnaie américaine, alors vous détenez 100$ en valeurs américaines. Si la valeur de ces actions augmente à 109$ et que notre devise canadienne n’a pas changé, alors vous avez 109$ canadien ou américain. Que se passe-t-il si la valeur de la monnaie canadienne baisse? Il vous faudra plus de dollars canadiens pour acheter de la monnaie américaine.  Prenons l’exemple qu’il faut 1,20$ canadien pour acheter 1$ américain, alors vos actions américaines vaudront 109$US converti au taux de 1,20$CAN, soit 130,80$ canadien. Un beau profit propulsé par la différence de devise.

À l’inverse lorsque la devise canadienne prend de la valeur en rapport avec la devise américaine, vous pourriez avoir des surprises. Vous avez acheté les 100 actions américaines (total de 100$US) le 19 janvier 2016 alors qu’Il fallait 1,46$ canadien pour acquérir 1,00$ américain, vous auriez alors déboursé 146$ canadiens. Or, vous les revendiez le 29 avril 2016 alors qu’elles valent 109$US, mais qu’il faut 1,26$ canadien pour convertir en monnaie américaine, alors vous recevriez 137$ canadiens, donc une perte de 9,00$ (146$ – 137$)!

Comment faire pour se prémunir contre les effets des variations de taux change? D’abord, précisons que prévoir les variations de taux c’est aussi hasardeux que prédire la météo. Il semble y avoir fréquemment un évènement international qui chamboule le tout. Investir uniquement au Canada?  La bourse canadienne est sûrement l’une des moins bien diversifiée, car les deux tiers de ses titres sont des secteurs financiers, de l’énergie et de ressources naturelles.   Par voie de conséquence lorsque le baril de pétrole valait plus de 100$US, ou que la Chine construisait massivement, notre bourse naviguait allégrement en eaux calmes. Ces conditions ne sont plus présentes et notre bourse en souffre. Oui il y aura des regains, mais attention aux vagues.

Une autre façon de se prémunir contre la volatilité des taux de change est d’acheter des produits qui offrent une couverture de change. Ainsi le fournisseur de votre produit financier négocie des contrats en relation avec les hausses et baisses du taux de change.  Ces contrats ont des coûts.

QUE FAIRE
Comme je l’ai démontré ci-dessus, il est possible qu’en monnaie étrangère vos placements augmentent, mais qu’en monnaie canadienne ils régressent.  Pour se couvrir, il y a bien les fonds avec couverture de change. Sachez que le coût supplémentaire peut affecter vos rendements. Certains courtiers plaideront que le coût est moindre, mais honnêtement il est parfois difficile de le déterminer exactement. D’autre part la couverture n’est profitable qu’en cas de hausse de la monnaie canadienne. Le pire temps pour le faire est lorsque la monnaie canadienne plonge.

Une bonne façon de se couvrir est d’investir régulièrement dans vos placements. Ainsi si vous participez tous les mois à investir dans votre REER, alors vous participez autant aux hausses qu’aux baisses. Ayez un portefeuille diversifié dans le monde. Malheureusement pour le Canada, y investir 100% de ses placements n’est pas une bonne idée. Si vous prévoyez décaisser vos placements dans un avenir rapproché et que la monnaie canadienne prend du galon, alors oui, la couverture de change est une bonne idée. Si vous êtes jeune et que votre stratégie est à long terme alors ces variations auront peu d’impacts. Évidemment si vous avez acheté ces placements avec des dollars américains vous serez à l’abri. Tout est dans le dosage.