Êtes-vous REER ou CELI?

Chronique financière,
publiée dans
le Canada Francais, le 13 février 2014


En cette saison REER l’on se fait poser souvent cette question, REER ou CELI?

REER
Le REER existe depuis 1957 et il est déductible de vos impôts dans l’année de la contribution, mais les retraits s’ajoutent aux revenus lors de l’encaissement au taux en vigueur à ce moment. La déduction maximale de 18% pour l’année 2013 correspond à 23 820 $. Les revenus et gains croissent à l’abri de l’impôt.  Vous devez commencer encaisser votre REER (en revenu de retraite)  au plus tard le 31 décembre de l’année à laquelle vous avez atteint l’âge de 71 ans.

CELI
Le CELI exerce que depuis 2009. Évidemment lors de sa mise en vigueur la déduction de 5 000 $ nous semblait si peu, surtout avec les faibles rendements des taux d’intérêt.  Ces derniers n’ont pas augmenté depuis 2009, mais la contribution 2014 est de 5 500$ et ainsi porte le total à 31 000 $.  Contrairement au REER, le CELI n’est pas déductible. Comme le REER les revenus et gains croissent à l’abri de l’impôt. Quant à lui, le CELI est utilisé avec de l’argent déjà imposé et représente une somme nette. Étant donné que le CELI n’est pas déductible d’impôt, son  encaissement n’est pas imposable. Il n’y a pas d’âge pour encaisser le CELI.

LEQUEL VOUS CONVIENT LE MIEUX ?
Même s’il y a plusieurs variables à cette question, certains critères peuvent nous guider.

ÂGE
Les gens âgés entre 18 ans et 71 ans sont admissibles à l’un et l’autre.  Si vous avez plus de 71 ans, votre seul choix est le CELI.  Toutefois si vous avez moins de 18 ans seul le REER vous est admissible.

PENSION
Pour les personnes qui tirent ou tireront une pension de leur employeur,  lors de votre période de travail l’espace pour contribuer au  REER est souvent mince. D’autre part il y a de fortes chances que vous soyez dans l’obligation de rembourser une partie de votre pension du Canada si la totalité de vos revenus dépasse 70 954$. Ainsi le CELI n’étant pas imposable, il n’entrera pas en  compte dans ce calcul.
Également si vous prévoyez que vous aurez besoin du Supplément de revenu garanti à la retraite,  alors le CELI ne vous pénalisera pas, car son retrait n’est pas considéré comme un revenu.

TAUX MARGINAL
Le taux marginal est l’un des éléments importants pour déterminer le choix. Ce taux vous indiquera le montant des impôts à payer pour le prochain dollar gagné, tout en mesurant l’effet de ce revenu sur votre admissibilité à des crédits d’impôt et des prestations sociales versées par le système fiscal.  Ainsi si vous avez des revenus d’emploi, d’intérêts, d’entreprises ou locations de 41 095$ et moins, il sera de 28,52%, de 32,52% si vous gagnez entre 41 096$ et 43 561$ et de 38,37% si vous gagnez de 43 562$ à 82 190$.
Normalement vos revenus sont plus élevés lorsque vous travailliez que lorsque vous êtes à la retraite. Ainsi si votre taux marginal est de 38,37% et que contribuez à 1 000$ de REER alors  le gouvernement vous remboursera 383,70$. Votre coût net du REER sera alors de 616,30$. Au moment de la retraite, si votre taux est de 28,52%  vous paierez 285,52$ d’impôt par tranche de 1 000$.  Vous aurez ainsi sauvé  près de 100$, et ce, avant tout rendement que votre REER vous aura procuré.
À l’inverse, si au moment de la retraite vous devenez travailleur autonome et gagnez plus de revenus, alors le CELI sera plus approprié.

USAGE DES FONDS
Pour quelle raison désirez-vous utiliser le CELI ou le REER? Pour la retraite? Dans ce cas le REER est sûrement le meilleur outil. Sa limite de contribution annuelle étant plus élevé vous aurez plus de chance d’accumuler les sommes nécessaires pour votre retraite.  Cette année la contribution du CELI est de 5 500$ alors que le REER est de 23 820$.
Si le but de l’économie est à court terme, soit pour voyager ou acheter une auto, alors le CELI est plus approprié.

ÉPARGNEZ
Un gestionnaire de fonds commun nous mettait récemment en évidence une statistique émise en 2012 par Statistiques Canada: depuis 1980 l’endettement en rapport avec le revenu disponible a plus que doublé.  Ainsi cela signifie que, globalement, les ménages devaient plus de 1,50 $ pour chaque dollar de revenu disponible. L’autre constat qui vient avec cela est que l’épargne occupe que 5,4% du revenu disponible. Une baisse drastique depuis le début des années 1990. Les deux courbes juxtaposées forment un beau X à travers les années, les dettes étant la partie du haut à droite et l’épargne la partie du bas à droite!  Pas beau!

Bon, soyons francs, les rapports et études se multiplient à l’effet que l’état québécois est dans le rouge, et en même temps, les individus économisent moins et s’endettent plus! Il faudra arrêter de se compter des histoires, car l’époque de l’état providence approche de sa fin (même si la réalité nous indique qu’elle devrait être terminée depuis belle lurette). Il ne faut plus compter sur l’état comme filet de sûreté pour sa retraite. Oui les régimes publics continuerons de payer, mais à quelle hauteur et sous quelles conditions?
Voyez à subvenir vous-mêmes à votre bien-être.  Que ce soit de par le REER ou CELI, soyez discipliné.

Plusieurs stratégies sont possibles dans l’utilisation de ces deux produits. Comme je vous l’ai répété souvent, il faut plusieurs ingrédients pour concocter une bonne sauce. La participation des CELI et REER dans un portefeuille sont des  éléments importants à une bonne planification.