Épargne pour la retraite : il est temps d’innover!

Publié dans la Canada-Français, édition du 26 avril 2018

Le manque de nouveaux travailleurs est un défi de taille pour nos économies occidentales. Ceci est d’autant plus vrai au Québec qu’en 2017 on constate une baisse du taux de natalité nous amenant à un taux de 1,54% enfant par femme. De plus on doit tenir en compte qu’en 2016 le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus représentait 18,1% de la population et les prévisions sont de 20,1% en 2021. Moins d’enfants et plus de retraités, rien de positif à l’horizon. Donc, comment les employeurs doivent -ils attirer ce qui reste de travailleurs actifs?

SONDAGE

Ce phénomène n’est pas unique au Québec ou au Canada. Dans les faits il touche le monde occidental. Cette problématique est si importante qu’une firme procède à des sondages mondiaux afin de mieux connaître l’attitude des employés et ainsi aider les employeurs à les attirer. Selon le dernier sondage, les trois quarts des employés des pays développés, et presque la moitié des pays émergents, croient que leur retraite se déroulera moins bien que celle de leurs parents et qu’ils devront travailler au-delà de 70 ans. Cette perte de confiance envers leur situation à la retraite fait de sorte que plus de la moitié d’entre eux se sentent vulnérables et sont à la recherche de plus de sécurité. Il est intéressant de noter que parmi tous les groupes d’âge sondé à travers la planète, un point commun ressort : pour la majorité d’entre eux, avoir suffisamment d’argent à la retraite est beaucoup plus important que cela ne l’était auparavant.

L’augmentation de la longévité, la fin des régimes à pensions déterminés (sauf dans le secteur public au Canada) et son passage vers des régimes à cotisations déterminées, et que les régimes publics sont moins généreux font de sorte que les employés sont moins confiants vis-à-vis leur éventuelle retraite. Selon ce sondage ils reconnaissent qu’ils devraient épargner plus pour leur retraite. Dans les faits, la vraie question est plutôt comment peuvent-ils se le permettre? L’endettement des ménages et leur rythme de vie fait de sorte que plusieurs vivent littéralement d’une paie à l’autre.

AU CANADA

La partie canadienne du sondage indique que 46% des Canadiens interrogés seraient prêt à augmenter de 10% ou plus leurs contributions, aux fins de maintenir leur rythme de vie à la retraite. Contradictoire? Non, selon le sondage, ils aimeraient contribuer davantage à un régime dont les termes sont clairs, les objectifs précis, et dont l’emphase serait la sécurité. Cela ressemble étrangement à un régime à prestations déterminées.

Près de la moitié des répondants à ce sondage ont dévoilé n’avoir aucun plan en vue de la retraite. D’autre part 36% ont indiqué avoir un plan, mais ne pas l’avoir écrit et 16% ont répondu l’avoir écrit. Il est désolant de constater que 43% du groupe de 55 à 64 ans, soit le groupe le plus près de la retraite, n’ont aucun plan. Seulement 12% des répondants ont une idée du montant requis pour atteindre leurs objectifs de retraite. La situation est différente chez les gens ayant un revenu plus élevé, près de la majorité répondant avoir confiance d’atteindre leur but de retraite.

DE NOUVELLES AVENUES?

Il va vraiment falloir que nos gouvernements pensent autrement et innovent pour aider les futurs retraités. Oui les RVER c’est bien, mais avouons que les mesures sont timides. Créer de nouveaux régimes de retraite à prestations déterminées? Il n’y a que nos gouvernements pour s’aventurer dans cette avenue, car ses sources de revenus sont sans fin, les contribuables étant toujours là pour éponger les dettes publiques. Non, il faudra innover, car finalement en bout de piste si individuellement les contribuables n’ont pas les ressources nécessaires pour financer leurs retraites, ce sera encore et toujours collectivement les contribuables qui supporteront. Retour à la case départ. Je vous lance des idées : A) augmenter le taux de déduction des REER afin d’augmenter la déduction à l’encontre du revenu. Exemple : je mets 1$ de REER et j’ai 1,50$ ou 2,00$ de déduction; ou, B) alors que les gens ont atteint l’âge d’environ 60 ans et qu’ils ont généralement terminé d’acquitter leur hypothèque, leur permettre de faire du rattrapage, sans limite à la déduction REER; ou, C) pour combattre l’endettement, la même formule de déduction accélérée qu’en A), mais que le remboursement d’impôt doive obligatoirement rembourser une partie de l’hypothèque. Enfin, il faut changer la donne.

INNOVER

Un dénominateur se dégage : tous aimeraient que leurs employeurs garantissent un montant de rente de retraite. Dans le cadre de la compétitivité mondiale que se livrent les entreprises, il devient impossible pour une petite ou moyenne entreprise d’ici d’offrir à ses employés d’ici un régime à prestation déterminées alors qu’à l’autre bout de la planète un compétiteur paie beaucoup moins ses employés, et opère dans des conditions environnementales très différentes. Non, il faut innover et trouver d’autres avenues. En donnant plus de moyens et de support à nos contribuables il serait possible de les rendre moins vulnérables. Je crois que les conseillers en sécurité financière et les planificateurs financiers font de leur mieux pour aider les contribuables à avoir une retraite convenable, mais il y a manque évident d’incitatifs pour le faire. Au lieu d’en ajouter, nos gouvernements les limitent. En fin de compte nos gouvernements n’y gagneront rien, ils devront supporter financièrement les retraités. Autrefois lorsque nos gouvernements voulaient promouvoir la construction d’immeubles locatifs, il y avait des taux d’amortissement plus élevés, la même chose pour les équipements. Pourquoi pas les futurs retraités?

Christian Dufour, auteur/author