Avez-vous besoin d’une assurance vie?

Chronique financière
publiée dans
le Canada Francais, le 23 mai 2013

 

Lorsque l’on discute d’assurance-vie avec des gens, l’on entend : ‟qu’est-ce que ca donne, je ne serai plus là!”. Cette affirmation peut avoir un certain sens si l’on décède à l’âge de 85 ans, mais pas si vous décédiez à 40 ans.

J’étais surpris la première fois que j’aie entendu d’un réputé conférencier nous indiquer que le capital le plus important que chacun de nous possédons était son propre capital humain! Mais à bien y penser, il avait tout à fait raison. Plusieurs évènements incontrôlables peuvent surgir dans notre vie : maladie, perte d’emploi, séparation, faillite… mais la majorité d’entre nous réussissent à se remettre en selle et réussir leur vie. L’on a tous entendu ‟l’échec est le fondement de la réussite”. La force de l’humain est sa résilience vis-à-vis les forces de la nature et de la vie, mais pour cela il faut être en vie! Le générateur de revenus et de réussite c’est notre personne, c’est nous. L’on est disposé à assurer son auto, sa maison, le remplacement de son ordinateur, mais pas le moteur générateur de tout cela, sa propre vie.

Comprendre

Chez nos voisins du sud , une vaste étude américaine de Forbes indique que parmi les 57% des répondants possédant une police d’assurance-vie, seulement 28% étaient très sûrs de bien la comprendre! 60% ne savent pas différencier une police d’assurance temporaire d’une police permanente. C’est vrai que c’est parfois complexe, temporaire, permanent, participante, universelle, vie entière… alouette! C’est du ressort du conseiller financier de vous indiquer quel produit vous convient le mieux.

L’assurance est un contrat par lequel l’assureur s’engage, selon votre âge et état de santé, à vous assurer. Il est lié et le contrat est béton. D’ailleurs la législation est tissée très serrée en faveur des assurés. C’est la raison pour laquelle les assureurs posent tant de questions, font passer des tests sanguins . Une fois accordé et signé, ils ne peuvent se retirer. Tant que vous payez vos primes, l’assureur est engagé. Surtout, il faut résister à la tentation de signer un formulaire d’adhésion d’assurance comprenant qu’une page, pas de conseiller professionnel, peu de questions et aucun examen médical. Pourquoi? Simplement parce que la sélection des risques se fait après le décès de l’assuré, l’assureur valide et remet en question la validité des réponses faites aux miniquestionnaires. D’ailleurs il y a de la jurisprudence sur le sujet, qui dans ces cas, n’est pas favorable aux assurés sous prétexte qu’ils ont mal lu ou répondu.

Nécessaire?

L’un des auteurs du rapport d’Amours sur les régimes de retraite, le professeur Luc Godbout de l’Université de Sherbrooke, avait estimé en 2009 que le coût d’un premier enfant d’une famille moyenne est de 10 000$ par année jusqu’à sa majorité. Le décès d’un parent d’enfant mineur compromettra le budget familial. C’est un cas typique pour lequel les parents devraient souscrire une assurance-vie, particulièrement un produit temporaire pour lequel le coût est très abordable. Mourir en bas à âge est une catastrophe pour sa famille, mais l’indemnité d’assurance permet s’assouplir la tragédie en leur permettant de continuer de couvrir le coût de vie.

Les assurances vie sont particulièrement utiles en affaires pour couvrir le coût éventuel du décès d’un coactionnaire. Imaginez le décès de votre associé. Vous devez payer son remplacement au quotidien et payer sa succession.   Également, les propriétaires d’immeubles à revenus qui désirent léguer à leurs enfants ces biens devraient y songer sérieusement aux fins d’acquitter les impôts crées par leur décès. Attention, le refinancement de l’immeuble pour acquitter les impôts ne permet pas d’en déduire fiscalement les intérêts, car ce financement n’est pas engagé dans le but de gagner un revenu.

Quoique que la majorité des gens ont un besoin d’assurance-vie, qui fait exception à cette règle: les personnes dont les enfants sont élevés et qui n’ont pas de dettes, les jeunes personnes célibataires et les personnes dont le bilan financier permet de supporter leurs familles même après leur départ.

Situation culturelle

En 2010 les Québécois comptaient pour 23% de la population canadienne. Pourtant cette année-là nous avons souscrit qu’à 19% des polices d’assurance émises au Canada. Fait étonnant, j’ai travaillé avec des représentants de différentes communautés culturelles, et je suis étonné de constater comment l’assurance-vie prend une place importante dans leur planification financière. Il n’est pas rare de voir des enfants assurer la vie de leurs parents. Est-ce illégal? Non, notre Code civil le permet. Est-ce moral? Il semble que ce soit plus difficile pour les Québécois de souche de s’en convaincre.

Trop tard

Il est surprenant de constater que les conseillers en sécurité financière se font solliciter par des gens qui aimeraient assurer leur vie, mais dont leur état de santé ne le permet plus. C’est trop tard dans leur cas. Je crois que pour cette raison les gens ne devraient pas hésiter alors que leur santé leur permet de le faire. Être en santé et jeune par surcroît signifie primes moins onéreuses, pour toute la durée du contrat, soit très longtemps.

Christian Dufour, LL.L., D.D.N., Pl. Fin., D. Fisc.
Conseiller en sécurité financière,
Représentant en épargne collective,
Conseiller en rentes collectives (fonds de pension)
Planificateur financier.