Combien vous faut-il pour votre retraite?

Publié dans la Canada-Français, édition du 13 avril 2017

Dans mon dernier article, je vous mentionnais que la longévité aurait des impacts importants sur vos finances. En effet, un auteur américain mentionnait avec justesse qu’espérer vivre aujourd’hui jusqu’à 95 ans était à la fois une bénédiction et une malédiction!

Vous croyez-vous prêt pour affronter ce long voyage financier? Vous croyez-vous vraiment prêt?  Une enquête américaine de la société d’investissement Fidelity paru le 6 mars dernier indique que quatre personnes sur 5 (80%) âgées entre 55 et  65 ans sous-estimaient le montant qu’ ils auraient besoin d’épargner pour leur retraite. C’est énorme!

Si je fais référence à cette étude américaine c’est principalement à cause de la simitude de la population de Boomers et que le fait que la population américaine étant de presque 10 fois la population canadienne, la littérature et études sont également à la hauteur de ce multiple. Donc, vous n’est pas seul à l’ignorer et à en être préoccupé, c’est tout à fait normal.

RETRAITE DANS MOINS DE 10 ANS?
Si vous en êtes à moins de 10 ans de votre retraite, vous devriez préparer un budget de retraite. Celui-ci n’a pas besoin d’être exact au sou près. Vous devriez avoir en tête quelles seront les grandes lignes de votre retraite, telles que le coût d’habitation et de vos dépenses de vie de base.

Vous devriez vous poser les questions suivantes :

À quoi ressemblera ma retraite?  Que ferez-vous dans votre quotidien? Continuerez-vous à travailler à temps partiel? Visez-vous une retraite de type ‟vacances”? Ce type de réflexion est à la base même du processus.
Ou? Dans quel endroit  se déroulera votre retraite? J’ai été le premier surpris l’année dernière en visitant un proche qui habite maintenant dans le centre de l’Ontario. Mon beau-frère me montrait les nombreuses résidences d’ex-résidents de Toronto qui avaient vendu leur maison à fort prix pour en acheter une autre à prix abordable. Oui, même au Québec il y a des coins où le prix du marché immobilier est autrement plus bas que celui de la région de Montréal. Mais serez-vous ainsi trop loin de vos proches?

AVEC QUI?
Sauf si vous êtes une personne de type célibataire très bien assumée, la vie seule n’est pas toujours facile à la retraite. De plus la vie en couple permet de compresser certaines dépenses de base. D’autre part le fait que les conjoints ne soient pas synchronisés quant à la date du  départ à la  retraite, cause souvent des discussions animées entre ceux-ci. Ainsi il arrive que l’un d’eux doive continuer à travailler, question de passer le temps en attendant l’arrivée de son amoureux.
Votre état de santé? Fort heureusement que nous vivons au Canada où le système de santé gouvernemental nous supporte.  À lire ce que nos voisins du Sud doivent mettre de côté pour subvenir à leurs soins de santé, c’est simplement effarant! Si votre santé est fragile et que vous devez passer régulièrement une batterie de tests, alors déménager dans une région éloignée dont le coût des maisons est une aubaine en rapport avec la vôtre actuellement n’est pas nécessairement une bonne idée.

RÈGLE du 4%
Il s’agit d’une règle classique afin de déterminer le montant de capital requis à votre retraite pour que vos décaissements durent au moins 30 ans, même avec quelques tempêtes boursières. Cette règle, aussi connue sous le nom de Trinity Study, a été développée en 1998 par 3 professeurs de l’université Trinity à San Antonio au Texas.

Elle est basée sur divers scénarios en utilisant les données historiques de 1926 à 1995. Parmi les scénarios utilisés, cette règle utilise une combinaison de portefeuilles passant du portefeuille de type 100% actions (agressif) à celui de type 25% actions-75% revenus (conservateur), le tout afin de durer au moins 30 ans sans s’épuiser.
À titre d’exemple, si vous touchez le maximum de la pension de vieillesse du Canada (sans le Supplément de revenu garanti) et de la Régie des rentes du Québec, alors vous en seriez à un revenu de base de 20 312$.

Selon cette règle, si vous décidez d’ajouter annuellement 25 000$ (avant impôts) pour vous donner un revenu de 45 312$ alors la somme à détenir en placement à votre retraite dans votre REER devrait être de 625 000$. Dans la mesure où c’est plutôt de 15 000$ (avant impôts) que vous désirez ajouter aux régimes gouvernementaux, l’accumulation REER serait de 375 000$. Dans le même sens, un montant 10 000$ (avant impôts) commanderait un REER de 250 000$.

SITUATION DIFFÉRENTE?
Comme je vous l’ai maintes fois répété, je ne suis pas un adepte de ce type de règles du pouce. N’oubliez pas que les placements basés sur le taux d’intérêt sont moins alléchants aujourd’hui qu’il y a 20, 30 ou 40 ans.
À mon avis procéder à une règle universelle amène parfois à un montant plus élevé que nécessaire afin d’être à toute épreuve. Chaque personne a une situation différente.  Par exemple, si vous vendez votre maison et que vous ressortez du bureau du notaire avec un montant net de 250 000$, et que cette maison vous a toujours servi de résidence principale, alors ce montant n’est pas imposable.

Donc le montant de 250 000$ n’est pas inatteignable! Pour les mêmes raisons, si, grâce à de bons conseils financiers et fiscaux, vos revenus de placements sont moins imposables, alors le montant net devra être moindre. Afin de dresser un portrait qui vous ressemble, il faut composer avec vos variables. La composante fiscalité est très importante.  À chacun sa réalité!